A la foire de l'Est  (Polydor 1978)

                             

1. A la foire de l'Est
2. Les hérons
3. Le vieillard et l'hirondelle
4. Chanson pour Sarah
5. La série des nombres
6. Le don du cerf
7. Funérailles
8. L'homme et la nuée
9. Sous le tilleul
10. Loin de la frontière

 

 

A la foire de l’est
(inspirée par une chanson juive de Paque)

A la foire de l’est pour deux pommes
une petit taupe mon père m’avait achetée…
Soudain la chatte, mange la taupe,
qu’à la foire mon père m’avait achetée…
A la foire de l’est pour deux pommes
une petit taupe mon père m’avait achetée…
Soudain la chienne, mord la chatte, qui mangeait la taupe….
A la foire de l’est……
Soudain la trique, frappe la chienne……..
A la foire de l’est……
Soudain la flamme, brûle la trique………
A la foire de l’est……
Soudain l’averse, ruine la flamme………
A la foire de l’est……
Soudain la bête, vient boire l’averse…….
A la foire de l’est……
Et l’Egorgeur frappe et tue la bête…….
A la foire de l’est……
C’est l’Ange de la mort, qui saigne l’Egorgeur…….
A la foire de l’est……
C’est enfin le Seigneur, qui emporte l’Ange….
A la foire de l’est pour deux pommes
une petit taupe mon père m’avait achetée…

 

 

Les hérons
( E. Roda-Gil - Branduardi )

Voilà
Que la terre en vain se baisse
Pour ramasser toute chose
Que le temps toujours dispose
Pour l’oubli et l’au-delà…
Le vent, sans amertume
Ronge les vieilles dunes
Des plages grises de brumes
Des corbeaux, des rapaces
Qui ont conquis l’espace
Là-bas où s’évanouissent
Tous nos étés…
Là-bas
Ou la dernière graine
Sera sans fruit, sans germe
La terre sans joie, sans peine
La terre oublie déjà
Qu’ici dans un autre age
Des hérons en voyage
Volaient là par centaines
Là où les corbeaux viennent
Envahir tout l’espace
Là-bas où s’évanouissent
Tous nos étés…

 

 

Le Vieillard et L’Hirondelle
( E. Roda-Gil - Branduardi )

C’est un grand chêne
Debout dans la plaine
Veilleur de jour et de nuit
Sur la terre
Qui voit venir
Au loin dans la campagne
Un homme vieux
La démarche un peu lente…
« Viens, toi le vieil homme
du fond de mon horizon
et sur mon feuillage
je bercerai ton vieux front.
Viens, toi le vieil homme
et je serai ton repos
et de mon feuillage
je te ferai un berceau »
Et le vieil homme
A l’arbre fait confiance
Et doucement il s’endort sous les branches.
L’homme endormi se sourit dans ses rêves
La tête vieille posée sur sa main vieille
Et il se voit devenu hirondelle
Abandonnant son vieux corps à la terre
L’hirondelle grise
Sur une grande fleur se posa
Et d’être un homme vieux et endormi
Elle rêva…

 

 

Chanson pour Sarah
( E. Roda-Gil - Branduardi )

Mon enfant sage
La mer t’emporte
Les vagues t’endorment
Le feu t’habille
Et dans tes mains frissonnent
Des grêles d’automne
Et des neiges fragiles
Sur tes cils givrent
Et là où tu t’en vas
La mer s’exile
Et sur sa route
Un vent timide
Te fera une tempête
Loin de ta tête…
Et puis si la tempête
Vient dans tes rêves
Elle te dira peut-être
Que ton frère chien t’aime
Qu’il demande à la lune
Des mûriers et des prunes
Un champs de fleurs vivaces
Un grand pin solitaire
Son ombre et sa lumière
Tout ça mon enfant sage, n’est qu’une image…

 

 

La série des nombres
( E. Roda-Gil - Branduardi )

Dis-moi beau bambin, bambin si tendre
Que veux-tu maintenant que je te chante?
Chante-moi la série des grands nombres
Ou bien des petits qui sont leur ombre
Car la mort est seule…
Et rien d’autre et plus rien de plus…
Par deux
Les bœufs sont liés à la peine
Sur les trois continents de la chaîne
Quatre les pierres par Merlin levées
Pour aiguiser l’épée des preux chevaliers
Car la mort est seule…
Et rien d’autre et plus rien de plus…
Et sur le grand chemin qui s’en va
La cinquième ère est déjà là
Avec ses six herbes macérées
De son chaudron le nain s’envolera…
Il y a sept soleils
Et il y a sept lunes
Et pour la Saint-Jean,
Huit grands feux s’allument
Autour de la source neuf demoiselles
Danseront ensemble la Lune Nouvelle.
Sur dix vaisseaux armés pour la guerre
Arrivent les marins en terre étrangère
Onze seulement sont revenus,
Tous les autres à jamais seront perdus
Et sur le grand chemin qui s’en va
La cinquième ère est déjà là
C’est tout au bout de Douze mois
Jour après jour de la vie,
L’année s’en va…
Douze pour le ciel et ses douze signes
Que dans notre nuit les étoiles écrivent
Entre eux ils ont allumé la guerre
Et celle-là au moins sera la dernière
Car la mort est seule…
Et rien d’autre et plus rien de plus…
Alors la trompette sonnera
Dans une pluie de feu, de vent et de froid
La série des nombres s’épuisera
Par celle qui sait déjà qu’il n’y en pas
Car la mort est seule…
Et deux bœufs
Trois continents,
Et quatre pierres,
La cinquième ère,
Et six les herbes
Les sept soleils et sept lunes,
Huit grands feux,
Neuf demoiselles,
Mais dix vaisseaux,
Onze marins de combat
Et douze signes pour douze mois
Car la morte et seule…
La sainte mère des douleurs…

 

 

Le don du cerf
( E. Roda-Gil - Branduardi )

« Dites-moi mon maître
de tant de terre et tant d’eau
de tous vos voyages
lequel est le plus beau.
Les têtes coupées en quatre
des grands et vieux tigres
en tapis qui s’étirent
aux pieds de ta vie. »

« Sur les collines
au mois des grandes chasses
dans tout l’espace
je marchais sans repos
c’est ainsi que le cœur gros, en boule
je tendais piéges et collets en foule
mais c’est un cerf magnifique
qui devant moi se dressa… »

« Mon destin s’achève
La mort est sur mon dos
tout ce qu’elle me laisse
je t’en ferai cadeau :
mes deux grandes cornes
les bois des bêtes,
dans mes deux oreilles
tu pourras boire,
aux demoiselles du miroir de mes yeux d’eau,
de mon poil lisse
fais-toi faire des pinceaux,
si mes chairs te nourrissent demain
c’est ma peau qui te réchauffera
et le plus grand des courages
de mon foie tu tireras
Et encore une fois, mon seigneur-roi
Le corps de ton cerf te fera gloire
Chair résignée de l’histoire
Et en toi il fleurira…»

« Dites-moi mon maître
de tant de terre et tant d’eau
de tous vos voyages
lequel est le plus beau…
lequel est le plus beau… »

 

 

Funerailles
( E. Roda-Gil - Branduardi )

Pour toi la nuit tombe
Compagnon c’est fatal
Tu n’auras pas de mercenaire
Tu verras la fouine, la peur, la vermine
Te dire ta mort et tes blessures
Et dans ton refuge
Elle seule te servira
A voir et à bien reconnaître
Les eaux secrètes des sources qui glissent
Nageur tout nouveau des eaux pures…
Pour toi la nuit tombe
Compagnon c’est fatal
Tu n’auras pas de mercenaire
Tu verras la fouine, la peur et la louve
Te dire ta mort et tes blessures
Et dans ton refuge
Elle seule te servira
A voir et à bien reconnaître
Les routes secrètes, les signes de piste
Qui mènent au repos des armures…
En suivant les vignes
Tu vas vers les flots
Du lac des semailles futures
Tu trouveras les collines de l’oubli
C’est là que ton cœur se pose.

 

 

L’homme et la nuée
( E. Roda-Gil - Branduardi )

« Tu es là
loin dans le vide
nuée blanche et inaccessible
tu es si loin
et mes sabots
ne vont pas jusqu’aux nuages… »
Elle s’en va sans dire un mot
Sur le vent pour se distraire
Il lui sourit dans un sanglot
Lui, amoureux fou
D’un nuage au cœur de pierre.
Toute la vie
il l’aima
toujours blanche et inaccessible
« Donne-moi l’échelle
car mes sabots
ne vont pas jusqu’aux nuages… »
elle troublée sans dire un mot
répondit à sa prière
et la rosée la baigna
Lui l’amoureux d’un nuage au cœur de pierre.

 

 

Sous le tilleul
( E. Roda-Gil - Branduardi )

Sous le tilleul, là sur la lande,
vous trouvez bien le repaire
vous qui passez regardez les herbes
écrasées par nos jeux et par nos pas
devant le bois chantait le rossignol
et tu coupais des fleurs pour faire ta couche.
Tu rirais si tu passais par là
Avec même rire sur la bouche.
Sous le tilleul, là sur la lande,
où se mêlaient les fleurs et l’herbe,
dans les roses vous pouvez repérer
là où je posais ma tête.
On vous a surprise dans mes bras
ce n’était pas pour nous grande honte
c’est à toi que je voulais donner
pour qu’on puisse t’appeler mon nom d’homme.
Sous le tilleul, là sur la lande,
le lys a jeté ses racines
si vous venez vous verrez enlacées
toutes les fleurs mêlées aux racines.
Un été vous vous étés en volée
vers une autre contrée, une autre nature
c’était vrai, j’aimais un épervier
dans votre cœur caché, tant pis pour moi.
Toi qui va à la chasse aux nuages
tu cours après le vent des mirages
mais la beauté est un oiseau sauvage
elle se meurt si on l’attache.
Ainsi fait dans sa course le monde
Le vent, la mer, les nuages dans leur ronde

 

 

Loin de la frontière
( E. Roda-Gil - Branduardi )

Loin de la frontière
L’hiver pressé s’en va
Chante tourterelle
Toi qui ne chantais pas
J’ai choisi la fuite
Et je sais déjà quelle feuille d’or me cachera
L’été viendra faire
Pomme, pêches ou noix
Des fruits blancs ou rouges
Je n’en prendrai pas
Loin de la frontière
Je m’en vais déjà là l’automne
Me retrouvera…

 

 

 

 

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